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FutureMag – Le vêtement connecté : gadget ou révolution ? | ARTE Future

Pour la première fois depuis sa création en 1967, le Consumers Electronics Show, salon mondial consacré aux high-tech qui a lieu chaque année en janvier à Las Vegas, a présenté un espace entièrement consacré à la mode. C’est la preuve, s’il en fallait une, de la vitalité du secteur des vêtements connectés. Des baskets qui tweetent au sac à main à recharge solaire en passant par les montres et t-shirts qui contrôlent votre rythme cardiaque…Voici venue l’ère de la garde-robe augmentée. Composés de tissus high-tech qui entremêlent fibres classiques et micro-capteurs connectés à nos smartphones, ces vêtements permettent de mesurer et d’analyser en temps réel un pan croissant des activités de notre corps.

L’Europe aura été l’une des premières à parier sur cette technologie, lorsqu’en 2005 Bruxelles finance Biotex, un programme de recherche visant à élaborer des textiles connectés pour un suivi de personnes à la santé fragile. Depuis, d’autres acteurs sont apparus proposant des vêtements de plus en plus intelligents dans une multitude de domaines :

– Pour le bien-être et le divertissement : certains vêtements changent désormais de couleurs selon votre humeur ou calculent votre temps de sommeil idéal.  – Pour le fitness : maillots, chaussettes, semelles deviennent des outils d’auto-mesure et de coaching qui calculent et communiquent nombre de foulées, degré de sudation, fréquence cardiaque, état de fatigue… – Pour la télésurveillance des personnes à risque : des vêtements spécifiques pour femmes enceintes, bébés, personnes âgées, ou même pompiers, détectent les phénomènes corporels inhabituels pour mieux donner l’alerte. – Pour le traitement des maladies chroniques : certains vêtements pourraient veiller sur l’hypertension, appeler un numéro d’urgence, ou même injecter une dose d’insuline à un diabétique.

A l’avenir, les champs d’utilisation des textiles high-tech pourraient donc bien être infinis. En attendant, les prototypes font peu à peu place à des offres élaborées, dans un marché ouvert où se côtoient géants du sport, des nouvelles technologies et start-up pleines d’ambition. Il y a quelques jours, à Las Vegas, les petits Lyonnais de Cityzen Sciences ont fait sensation avec leur D-Shirt. Un prototype de maillot connecté pour les sportifs pros (testé par le Stade toulousain, l’ASSE, l’Asvel). La start-up française ne cache plus son intention de devenir un leader mondial sur le marché. Mais, outre-Atlantique, plusieurs sociétés, notamment à Montréal, font figure de solides concurrentes. C’est le cas du Carré Technologies qui s’est positionné sur le créneau du sport d’élite après avoir équipé de combinaisons de veille médicale les astronautes de l’agence spatiale canadienne. Côté poids lourds, Adidas et Nike se tiennent en embuscade, tandis que Intel et Microsoft multiplient les annonces. La haute-couture s’est aussi très vite emparée du phénomène. La ligne Court Circuit a ainsi lancé en 2013 les premières robes connectées, dont la Twitter dress. Les couleurs et les motifs de la robe sont contrôlables instantanément par les fans via Twitter et une application iPhone. 

Mais ce n’est pas le seul vêtement connecté à un réseau social. Trois étudiants du MIT, l’une des plus prestigieuses universités du monde, ont mis au point un gilet connecté à Facebook qui se gonfle d’air au fur et à mesure qu’une de vos publications est « likée », donnant la sensation d’être véritablement câliné. De quoi redonner un peu de réalité à nos relations sociales virtuelles. 

Au-delà de l’effet de mode, nombreux sont ceux qui voient là un nouvel eldorado pour l’industrie numérique. Une étude récente de Forrester montre que 12% de la population adulte américaine s’imagine très bien porter des vêtements intelligents. En France, certains se risquent même à dire qu’ils seraient l’une des clés de la reprise industrielle. François Hollande et Arnaud Montebourg ont fait du textile connecté l’un des trente-quatre domaines prioritaires du Programme d’investissements d’avenir. Les textiles intelligents font par ailleurs l’objet de plusieurs programmes européens. Comme celui lancé en septembre dernier au Centre allemand de recherche sur l’intelligence artificielle (DFKI).

Il y aurait déjà aujourd’hui quelque15 milliards d’objets équipés de capteurs et d’étiquettes intelligentes à travers le monde. Pas une semaine, sans qu’une nouvelle étude ne prédise le boom des années à venir : 40, 50, voire même 80 milliards d’objets connectés d’ici 2020 ! On imagine assez aisément la quantité de données qui seront générées par ces nouveaux équipements. Pour les analyser et en offrir des traitements adaptés à chacun, reste donc à concevoir des applications spécifiques pour nos smartphones et autres tablettes. Une nouvelle architecture numérique se dessine qui, à l’avenir, permettra de mieux utiliser/croiser d’immenses bases de données.

Les vêtements connectés doivent encore séduire leur public pour entrer dans les usages. L’auto-mesure a ses limites. Dans bien des domaines, l’expertise humaine demeure irremplaçable. Certaines utilisations « gadgets » disparaîtront probablement, au profit d’autres qui sauront se rendre incontournables. Plusieurs défis sont encore à relever : à commencer par la démocratisation de ces textiles encore très coûteux. D’ores et déjà, une nouvelle industrie se met en place, où les détenteurs de savoir-faire existants et les créateurs de compétences nouvelles s’associent pour faire du vêtement connecté un objet indispensable de la garde-robe de demain.

Voir notre reportage sur les vêtements intelligents